Tout le monde –acteurs politiques, observateurs nationaux et internationaux- ne cesse de louer l’Accord politique pour le renforcement du processus démocratique depuis sa signature le 13 août 2007. De l’avis général, l’Accord est la seule voie de salut pour que le paysage politique tchadien retrouve sa sérénité et que notre jeune démocratie évolue dans un contexte d’apaisement.

Malheureusement, l’on a noté que les réunions de mise en place des démembrements de la CENI ont été purement et simplement récupérées par le MPS qui se trouvait chaque fois au bon endroit et au moment opportun, comme par hasard. Au total, la présence sur les lieux de fortes délégations du MPS disposant de ressources financières au dessus des normes, a abouti, après diverses pressions, intimidations et corruption en tous genres, à la mise en place de CENI non-conformes à loi et à l’esprit de l’Accord : des militants du MPS sont installés comme présidents et les structures des bureaux ne respectent pas la règle de la parité. Tout a été mis en œuvre pour que les démembrements soient exclusivement contrôlés par le MPS, souvent avec l’appui actif des autorités administratives, en violation flagrante de l’Accord et des lois qui en découlent.

Dès lors, il est permis de s’interroger sur la volonté réelle du pouvoir d’organiser des élections véritablement transparentes. L’indépendance et la neutralité des CENI locales étant ainsi violées, avec la complicité patente de la CENI, à quelles élections pouvons-nous nous attendre ?

Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité que le Gouvernement ne fait montre d’aucune volonté dans la mise en œuvre du chapitre 4 de l’Accord qui reste un chantier non exploré. En effet, la neutralité, la dépolitisation et la démilitarisation de l’administration, la liberté de la presse et particulièrement des médias publics actuellement au service exclusif du parti au pouvoir et de son candidat naturel, la réforme de l’armée, le respect des libertés individuelles et collectives etc. semblent ne plus être dans l’agenda du gouvernement. De même, l’adoption du statut de la chefferie traditionnelle est sans cesse repoussée par une Assemblée nationale aux ordres.

Et comment interpréter la récente décision du Gouvernement de demander le départ des troupes des Nations unies, au moment où celles-ci commencent à être opérationnelles et qu’elles pourraient être d’un bon recours dans l’organisation de bonnes élections ?

Peut-on se fier à l’armée tchadienne actuelle, connue pour ses insuffisances, pour assurer toute la sécurité du processus électoral, en particulier dans les régions d’accès difficile et dont le contrôle échappe à l’Etat, comme l’est et l’extrême nord ?

Sur toutes ces questions, le Gouvernement est interpellé, en particulier le Président de la République, pour que le climat politique soit au plus vite rasséréné, que le début de délitement de la confiance s’estompe et que l’Accord politique soit appliqué dans toute sa rigueur. Faute de cela, les germes de la division et de la mésentente politique ainsi semés achèveront leur œuvre de sape de l’évolution d’un processus politique apaisé, pour provoquer une rupture qui sera préjudiciable au Tchad.

Fait à N’Djamena, le 26 janvier 2010

Pour la CPDC
Le Porte parole Adjoint
Saleh KEBZABO